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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 17:01

« VIOLENCES, FEMININ PLURIEL.

LES VIOLENCES ENVERS LES FEMMES DANS LE MONDE CONTEMPORAIN »

DE ELSA FAYNER

 

« Selon la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence contre les femmes, la violence à l’égard des femmes « traduit des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la domination et à la discrimination exercées par les premiers et freiné la promotion des secondes, et elle compte parmi les principaux mécanismes sociaux auxquels est due la subordination des femmes aux hommes ». Mais d’où vient-elle, cette domination ? 


Pour Françoise Héritier, anthropologue professeur honoraire au Collège de France, auteure de « Masculin/féminin : dissoudre la hiérarchie », l’inégalité n’est pas un effet de la nature. Ce ne sont ni les gènes, ni les dispositions physiques qui établissent la hiérarchie. Celle-ci a été construite, inventée, dès les temps originels de l’espèce humaine. Une construction fondatrice de l’ordre social et des clivages mentaux qui sont toujours présents, partout dans le monde.


Au départ, une observation fondée sur les sens : la plupart des espèces, si dissemblables soient-elles, sont partagées entre mâles et femelles. Les divergences anatomiques sont évidentes. L’homme et la femme sont différents, c’est une constante.


Mais comment passer de la dualité à la hiérarchie ? Un constat serait à l’origine du glissement : les femmes possèdent le pouvoir d’enfanter. Sans reproductrices, pas de survie du groupe. Pis, pour se reproduire à l’identique, pour donner naissance à un fils, l’homme a besoin d’un corps de femme : « Etant donné le temps nécessaire à la fabrication in utero, au nourrissage au sein, à l’apprentissage de l’autonomie physique, une conclusion s’imposait : il fallait que les femmes soient appropriées pour que les mâles ne courent pas le risque de voir le fruit convoité leur échapper au profit d’autrui, de même que le lien social de l’échange entre groupes partenaires était nécessaire pour ne plus risquer la mort dans les raids de prédation quand les femmes font défaut au sein du groupe, écrit Françoise Héritier. Il fallait donc s’approprier la fécondité des femmes, se les répartir entre hommes, les emprisonner dans les tâches domestiques liées à la reproduction et à l’entretien du groupe, tout en dévaluant le tout. » Considérées comme des « ressources », les femmes ont ainsi été dépossédées à la fois conceptuellement, symboliquement et socialement.


Pour l’anthropologue, tout s’explique donc par la capacité d’enfanter dont disposent les femmes. « Cette injustice et ce mystère sont à l’origine de tout le reste, qui est advenu de façon semblable dans les groupes humains depuis l’origine de l’humanité et que nous appelons la « domination masculine ». 


Dans ce système, la violence est un rappel à l’ordre. C’est l’expression exacerbée du droit des hommes, en tant que catégorie globale, sur le corps des femmes, mais également sur leurs comportements, leur imaginaire, leurs droits. »

 

TEMOIGNAGE KHADY, MUTILEE

 

« A 7 ans, Khady a été excisée au Sénégal. Aujourd’hui militante des droits de l’homme, elle témoigne. Elle raconte notamment le jour fatal de la mutilation.


«Les mères sont parties. Un abandon étrange, mais je sais maintenant qu’aucune mère, même ayant le cœur solide, ne peut supporter la vision de ce que l’on va faire à sa fille, et surtout ses cris. […] Pourtant, elle l’accepte, parce que c’est ainsi, et qu’elle n’a pas d’autre voie de réflexion que ce rituel barbare prétendument « purificateur pour pouvoir prier », arriver vierge au mariage et rester fidèle. […]

Deux femmes m’ont attrapée et traînée dans la pièce. L’une, derrière moi, me tient la tête et ses genoux écrasent mes épaules de tout leur poids pour que je ne bouge pas ; l’autre me tient aux genoux, les jambes écartées. […] La dame chargée de l’opération tire avec ses doigts, le plus possible, ce minuscule morceau de chair et coupe comme si elle tranchait un morceau de viande de zébu. Malheureusement, il lui est impossible de le faire en un seul geste. Elle est obligée de scier.

Les hurlements que j’ai poussés me résonnent encore aux oreilles.[…] C’est une douleur que je n’ai jamais réussi à définir. Je n’ai jamais rien connu d’aussi violent au cours de mon existence.

[…] Et nous étions beaucoup d’Africaines à croire que la normalité, c’était ça. Nous transformer en femmes soumises au seul plaisir d’un homme. » 

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