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« SOUAD, BRULEE VIVE .DOCUMENT »


« Je n’ai connu ni jeu ni plaisir depuis que mon cerveau est capable de se souvenir. Naître fille dans mon village est une malédiction. »


« …puisque j’étais une fille, j’étais moins qu’un animal. »


« …toutes celles…qui meurent encore de nos jours pour cette seule raison : être une femme. »


« Mon frère, par contre, est libre. Il est libre comme le vent… »


« L’enfermement était normal. Il ne venait pas à l’idée d’une fille de la maison de franchir cette barrière symbolique. »


« Il faisait souvent tellement chaud que c’était étouffant, mais les manches étaient obligatoires. Montrer un morceau de bras ou de jambe, encore pire un petit bout de décolleté, c’est la honte. »


« Ceinture ou canne, je crois qu’on était battues tous les jours. Un jour sans être frappé, ce n’était pas normal. »


« C’était comme ça dans ce village, la loi des hommes. Les filles et les femmes étaient certainement battues tous les jours dans les autres maisons. On entendait crier ailleurs, donc il était normal d’être battues, rasées des cheveux, et attachées à une barrière d’écurie. Il n’y avait pas d’autre façon de vivre.

Mon père, c’était le roi, l’homme tout-puissant, celui qui possède, qui décide, qui frappe et nous torture. Et il fume tranquillement sa pipe devant sa maison avec ses femmes enfermées, qu’il traite pis que du bétail. L’homme prend une femme pour avoir des fils, pour lui servir d’esclave comme les filles qui viendront, si elle a le malheur d’en faire. »


« Je crois que ma tête n’avait pas de rêve, ne de pensée précise. Nous n’avions aucun jouet, aucun jeu, juste l’obéissance et la soumission. »


« Notre vie quotidienne était une mort possible, jour après jour. Elle pouvait venir pour rien, par surprise, simplement parce que le père l’aurait décidé. Comme ma mère décidait d’étouffer les bébés filles. »


« Il n’était pas pensable de se plaindre d’être battue, puisque c’était courant. Pas question de bébé vivant ou mort, sauf si une femme venait d’accoucher d’un fils. Si ce fils était vivant, gloire à elle et à sa famille. S’il était mort, on le pleurait, malheur sur elle et sur sa famille. On compte les mâles, pas les femelles. »


« Chaque naissance d’une fille était comme un enterrement dans la famille. C’était toujours la faute de la mère si elle ne faisait que des filles. »


« Dans mon village, si les hommes avaient à choisir entre une fille et une vache, ils choisissaient la vache. »


« Il (mon frère) grandissait comme doit grandir un homme, libre et fier, servi tel un prince par les filles de la maison. »


« J’ai vite compris que la violence chez les hommes de mon village vient du plus loin des temps. Le père la transmet à son fils qui la transmet à son tour à l’infini. »


« Il suffit de si peu de chose pour considérer qu’une fille est une charmuta (pute), qu’elle a amené la honte dans sa famille et qu’elle doit mourir pour laver l’honneur non seulement des ses parents, de son frère, mais du village tout entier ! »


« C’était un assassin, mais ce mot-là n’a aucun sens dans mon pays lorsqu’il s’agit de faire mourir une femme. Le frère, ou le beau-frère, ou l’oncle, peu importe, ont mission de préserver l’honneur d’une famille. Ils ont droit de vie et de mort sur leurs femmes. Si le père ou la mère dit au fils : « Ta sœur a péché, tu dois la tuer… », il le fait pour l’honneur, c’est la loi. »


« Et de le voir là, assis tranquillement à l’ombre, faisant sa sieste comme un roi après ma raclée presque quotidienne, c’était le pire de tout. Il était le symbole d’un esclavage normal, que j’acceptais en courbant la tête et le dos sous les coups, comme mes sœurs, comme ma mère. »


« Etre mariée, c’était ce que je pouvais espérer de mieux comme liberté. Pourtant, même mariée, une femme risquait sa vie au moindre écart. »


« Je ne réalisais pas que de simples commérages, des suppositions de voisins, des mensonges même, pouvait faire de n’importe quelle femme une charmuta, et la conduire à la mort, pour l’honneur des autres.

C’est ce qu’on appelle un crime d’honneur, « jarimat al sharaf », et, pour les hommes de mon pays, ce n’est pas un crime. »


« …lorsqu’on marie une fille chez nous, on la vend pour de l’or. »


« Je ne devrais même pas dire : « Je n’avais pas le droit », ça n’existe pas. C’est la coutume, elle est ainsi et c’est tout. Si ton père te dit : « Reste dans ce coin toute ta vie », tu resteras dans ce coin toute ta vie. Si ton père te met une olive dans une assiette et qu’il te dit : « Aujourd’hui tu n’as que ça a manger », tu ne manges que ça. Il est très difficile de sortir de cette peau d’esclave consentie, puisque l’on naît avec en étant fille, et que, durant toute notre enfance, cette manière de ne pas exister, d’obéir à l’homme et à sa loi, est entretenue en permanence, par le père, la mère, le frère, et que la seule issue qui consiste à se marier la perpétue avec le mari. »


« …ma vie en ce temps-là n’avait aucun des repères que l’on connaît en Europe…c’est une vie de petit animal qui mange, travaille le plus vite possible, dort et prend des coups. »


« Il va falloir attendre le moment où le mari montrera le linge au balcon ou l’accrochera à la fenêtre au lever du jour afin que les gens constatent officiellement la présence du sang de la vierge. Ce linge doit être visible de tous, et un maximum de gens du village doit venir le voir. S’il n’y a que deux ou trois témoins, ce n’est pas suffisant. La preuve peut être contestée, on ne sait jamais. »


« C’est une chose curieuse que le destin des femmes arabes, dans mon village en tout cas. On l’accepte naturellement. Aucune idée de révolte ne nous vient. On ignore même ce qu’est la révolte. On sait pleurer, se cacher, mentir s’il le faut pour éviter le bâton, mais se révolter, jamais. Tout simplement parce qu’il n’y a pas d’autre endroit où vivre que chez son père ou son mari. Vivre seule est inconcevable. »


« Chez nous, on parle de mariage, pas d’amour. D’obéissance et de soumission totale, pas de relations d’amour entre homme et femme. »


« Je n’ai pas conscience d’être un être humain, de penser, d’avoir des sentiments. Je connais la peur, la soif quand il fait chaud, la souffrance et l’humiliation d’être attachée comme un animal à l’écurie et battue jusqu’à ne plus sentir mon dos. La terreur d’être étouffée ou jetée au fond d’un puits. J’ai pris docilement tant de coups. »


« On ne peut pas réfléchir à soi-même en vivant de cette façon. »


« C’est étrange de penser qu’on se donnait tellement de mal pour accoucher les brebis alors que ma mère étouffait ses enfants (filles) ».


« Pour une femme soumise à ce point, tuer les filles, c’est normal. »


« Un homme qui a pris la virginité d’une femme n’est pas coupable, c’est elle qui a bien voulu. Pis, c’est elle qui a demandé ! »


« Chez nous, un homme qui se respecte n’épouse pas la fille qu’il a lui-même déflorée avant le mariage. »


« Ici la morale est particulière, elle s’exerce contre les filles et les femmes, en voulant leur imposer une loi qui n’a d’intérêt que pour les hommes du clan. »


« …la plupart des associations humanitaires ne les prennent pas en charge parce que ces femmes sont des cas sociaux individuels, « culturels » ! Et que, dans certains pays, des lois protègent leurs assassins. Leur cas ne relève pas des grandes campagnes engagées contre la famine et la guerre, l’aide aux réfugiés, ou les grandes épidémies. »


« Je croyais que, dans tous les pays, c’était la même chose que chez moi. Une fille qui parle avec un homme, si on la voit, elle est morte. »


« Personne ne m’avait jamais dit merci avant. Ni mon père, ni mon frère, ni personne quand je travaillais comme une esclave. J’avais l’habitude des coups, pas des remerciements. »


« …pour une femme de mon pays, vivre sans homme, c’est une punition à vie. »


« Je ne savais rien de la vie, des responsabilités, de l’indépendance. »


« On m’avait « dressée » dans mon enfance, à coups de bâton, au travail intensif et à l’obéissance, à l’exactitude et à la propreté. C’était une seconde nature, la seule qui me restait d’une vie antérieure. »


« Les souvenirs qui me restent de mon enfance sont tous liés à la peur… »


« Nous sommes seulement coupables d’être des femmes. »


« Monsieur, une femme là-bas n’a pas de vie. Beaucoup de filles sont battues, maltraitées, étranglées, brûlées, tuées. Pour nous, là-bas, c’est tout à fait normal. »


« Tu es tabassée, c’est normal. Tu es brûlée, c’est normal, tu es étranglée, c’est normal, tu es maltraitée, c’est normal. La vache et les moutons, comme mon père disait, sont mieux considérés que les femmes. Si on ne veut pas mourir, il faut se taire, obéir, ramper, se marier vierge et faire des fils. »


« Si un juge condamnait un homme pour crime d’honneur, comme un simple assassin, alors ce juge ne pourrait plus jamais marcher dans la rue, il ne pourrait plus vivre dans un village, il devrait fuir de honte, pour avoir puni un « héros ». »


«En Jordanie – et ce n’est qu’un exemple- il existe une loi disant, comme dans la plupart des pays : tout meurtre, crime de droit commun, doit être puni d’années de prison. Mais à côté de cette loi, deux petits articles 97 et 98 précisent que les juges seront indulgents pour les coupables du crime d’honneur. La peine est généralement de six mois à deux ans de prison. Les condamnés, parfois considérés comme des héros, ne la purgent souvent pas en totalité. »


« Je n’ai reçu, moi, qu’une seule éducation, celle de l’esclavage. »



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